Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Agriculture et maladies des plantes
27 avril 2015

COMPÉTITION SCIENTIFIQUE ET J.O. - La vraie place de l'Algérie dans le monde.

classement_universit_s

Par Pr Chems Eddine CHITOUR - Samedi 18 Aout 2012

«A une époque où certains fabriquent des puces, vous, vous cherchez des poux.» Friedman, célèbre éditorialiste du New York Times s'adressant aux Arabes

Cet été a été prolifique à la fois en nouvelles scientifiques, kermesse planétaire des Jeux olympiques mais aussi en drames au premier rang desquels on peut citer le chaos en Syrie. S'agissant de la science, nous avons eu successivement la confirmation du boson de Higgs - chaînon manquant du passage de l'énergie en matière-, nous avons été tenus en haleine par le fantastique atterrissage de Curiosity, parti à la recherche de la vie sur Mars. Enfin et c'est le but de cette contribution, la publication du classement Shangaï des universités attendu chaque année à pareille époque.

La mesure de la performance mondiale des universités
Le classement Shangaï des Universités de la version 2012 a paru. Depuis 2003, le classement de Shanghaï, établit la hiérarchie mondiale des 500 établissements d'enseignement supérieur en fonction des prix et publications de leurs chercheurs et anciens élèves. Le classement privilégie la recherche en sciences exactes, au détriment de l'enseignement, prenant en compte parmi ses critères le nombre de prix Nobel attribués à ses anciens élèves ou à ses chercheurs, le nombre de médailles Fields (équivalent du Nobel en mathématiques), ainsi que les articles publiés dans des revues exclusivement anglo-saxonnes comme «Nature» et «Science». Dans l'édition 2012, les universités américaines s'arrogent toujours dix-sept des vingt premières places. Le quatuor de tête est inchangé, composé des Universités américaines de Harvard, Standford, Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Berkeley. Le Royaume-Uni conserve deux établissements dans le «Top 10», au même rang: Cambridge reste 5e et Oxford 10e. En revanche, l'University College of London (21e) perd une place et sort du «Top 20», au profit de l'Université de Tokyo, qui s'octroie une place. La première université européenne non anglo-saxonne, l'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, pointe à la 23e place. La première française, Paris-Sud, est à la 37e. Classement européen en 2012. Par nombre d'établissements présents dans le «Top 500», les Etats-Unis arrivent largement en tête avec 150 établissements, suivis par la Chine, le Royaume-Uni (38) et l'Allemagne (37). La France reste 8e, cette fois à égalité avec l'Italie, mais avec 20 universités représentées cette année, soit une de moins qu'en 2011. Trois universités israéliennes figurent dans le classement des 100 meilleures universités mondiales effectué par l'Université de Shangaï. L'université hébraïque de Jérusalem est 53e, Le Technion est 78e et le Centre Wizman 93e. En tout, cinq universités dans le Top 500. L'Arabie Saoudite se retrouve avec deux universités, l'Iran et la Turquie avec un université chacune. (1) Au total, le milliard de Musulmans se retrouve avec moins de 5 universités dans le Top 500 (les Universités de Téhéran et d'Ankara). Pire, à l'échelle du Monde arabe, seules deux universités saoudiennes formatées à l'américaine sont citées On dit que ce classement est discutable. Le classement se fonde en effet sur six critères, dont le nombre de prix Nobel et de médailles Fields, la fréquence de citations des chercheurs ou le nombre d'articles référencés dans les «meilleures revues» scientifiques. Au départ, Nian Cai Liu, professeur de chimie chinois et spécialiste des polymères, n'est pas un connaisseur du système des palmarès. Il ne s'est lancé qu'en 1999, à la demande de l'équipe dirigeante de l'Université Jiao Tong. «Nous voulions simplement savoir comment nous situer», affirme-t-il. L'idée du gouvernement chinois était d'amener plusieurs de ses universités à un niveau mondial d'ici à 2020. Les établissements chinois sont alors comparés entre eux, puis avec des universités étrangères. En 2003, l'équipe décide de rendre publics ses résultats sur Internet. L'impact est considérable, car il s'agit du premier classement international. Plus les universités publient, plus elles sont avantagées. En quelques années, divers classements (CHE, Financial Times, THE, etc.) se sont imposés et ils ont déjà un impact majeur en matière de politiques publiques. (2)
On sait que la proportion du PIB d'un pays consacrée à la recherche et au développement (R & D), publiée depuis longtemps par l'Ocde offre une mesure comparée des niveaux d'activités de R & D des pays. Il est vrai que ce classement n'accorde aussi aucune importance à la notion de «qualité de l'enseignement» ou de «réussite de l'étudiant»: sujets sur lesquels les facs françaises ont misé tous leurs efforts et dont les progrès commencent à se faire sentir. Les pays anglo-saxons, eux, misent sur d'énormes campus réunissant toutes les disciplines. Pour rappel, dans le même temps, de nombreux organismes internationaux travaillent à l'élaboration de nouveaux classements axés sur de nouveaux critères. C'est le cas des rapports Pisa et de l'International Ranking Expert Group.
Du fait que les universités françaises sont mal classées, il est courant de chercher les failles de la méthode Shangaï. Pour Geneviève Fioraso, ministre français de l'Enseignement supérieur, le classement de Shanghaï est surtout un outil marketing qui ne prend pas en compte les sciences humaines et sociales, ignore la qualité de l'enseignement et de critères comme le taux de réussite des étudiants, leur encadrement...C'est donc très parcellaire et réducteur, même si les comparaisons internationales sont toujours intéressantes. (...) Il s'agit de revaloriser l'image des universités en termes d'enseignement, d'y attirer les bacheliers scientifiques, notamment ceux qui ont décroché une mention, de faire réussir nos étudiants. Nos professeurs sont de bonne qualité et il suffit parfois de mesures en apparence modestes, de rendre ces petits services qui font la différence, accueillir les étudiants au cours d'universités d'été - beaucoup le font mais pas toutes -, mieux les orienter, rassurer les familles, développer le tutorat, soigner l'environnement, stimuler l'innovation. (3)

Le cas de l'Iran
Le cas de l'Iran est un cas d'école. Bien que peu favorisé par le classement, c'est un pays où science et technologie ont une signification. Sans remonter jusqu'à Ibn Sina ou Al Khawarizmi et la découverte du zéro du côté de Ninive, l´Iran est une puissance technologique, de loin plus performante que beaucoup d'autres pays. L'Iran fabrique ses avions, ses chars, ses bateaux, ses fusées et ses satellites et sait enrichir l'uranium. Enfin, tout le monde se souvient comment la prouesse technologique des chercheurs qui leur a permis d'intercepter et de faire atterrir sans dégât le drone furtif américain de dernière génération. Quel est le secret? Le taux d'alphabétisation est de 86 pour cent», 3.572.000 étudiants en 2008. Pour être accepté dans une université, les étudiants doivent passer un examen national d'entrée en université, qui a lieu une fois par an. Environ deux millions de candidats s'y présentent chaque année, mais seulement 100.000 sont acceptés (soit 5%). Il faut être classé dans les 5000 meilleurs pour étudier dans les meilleures universités (dans les 100 meilleurs pour entrer dans une école de médecine de Téhéran). Cette avancée à marche forcée vers le développement a un nom: la force de l'enseignement supérieur et la pertinence d'une recherche de qualité avec des moyens adéquats et une exigence de tous le instants. «Forget Harvard - One of the world's best undergraduate colleges is in Iran», c'est le titre d'un article d'Afshin Molavi publié dans Newsweek le 18 août 2008. On y relève quelques éléments aussi intéressants que... surprenants! En 2003, surprise des responsables du département d'«Electronical Engineering» de l'Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d'admission à leur cycle Ph.D. proviennent d'un même pays et d'un même établissement: la «Sharif University of Science and Technology» en Iran. Sharif dispense, selon de nombreux spécialistes, l'un des meilleurs programmes «undergraduate» (niveau licence) du monde en electronical engineering en compétition avec le MIT, Caltech, Stanford, Tsinghua et Cambridge. Un excellent corps enseignant scientifique. Priorité donnée aux sciences dans les programmes scientifiques des lycées. Un succès certes surprenant, mais qui - c'est certain - ne doit rien au hasard (4). En Algérie, les universités forment des docteurs sans issue. La recherche est tellement déconnectée de la réalité que quand, après une thèse, on veut travailler toutes les portes étaient fermées. Les chercheurs renfermés dans leurs cocons, ne pensent pas à offrir des résultats rentables. De plus, il n'y a pas eu d'ouverture sur d'autres disciplines, les chercheurs passent leur vie sur un seul thème de recherche quitte à mourir avec, même s'il n'est plus d'actualité. C'est tout le système de la recherche qu'il faut revoir et surtout des débouchés de la recherche qui doit être en prise directe avec la réalité.

Le coût de l'effort olympique selon les pays
Une autre évaluation de la force de frappe sportive des Etats nous a été donnée par les Jeux olympiques. Fini le temps où les athlètes ne concourraient que pour le prestige et l'amour du drapeau. Les pays faibles font dans la surenchère. C'est l'Ouzbékistan qui versera la plus grosse prime pour une médaille d'or: 811.000 euros. Pour une médaille d'or arménienne 700 000 euros.Deux pays touchés par la crise trustent les premières places: l'Italie et l'Espagne promettent respectivement 140.000 et 94.000 euros pour une médaille d'or. Pour remonter le moral des troupes? En France, pour récompenser les médaillés olympiques, un champion olympique se verra verser 50.000 euros, le vice-champion 20.000 euros et le médaillé de bronze 13.000 euros. L'Etat américain a annoncé qu'il verserait 19.000 euros à ses médaillés olympiques. La Chine, pour des raisons politiques, promet pour la médaille d'or: 42.400 euros. En Russie, Poutine a décoré les athlètes et leur a offert chacun une voiture allemande Audi. L'Allemagne, accorde un bonus à tous les athlètes qui atteindront le Top 8 dans leur discipline. Une médaille d'or équivaut à une prime de 20.000 $ et une huitième place, à 2000 $. Avec 34 médailles remportées à Londres, l'Afrique affiche un bilan décevant. Certains pays n'ont pas gagné de récompenses olympiques, mais ils ont remporté la médaille d'or de la fuite. Huit athlètes camerounais, deux Ivoiriens et quatre membres de la délégation congolaise ont profité des Jeux pour faire défection. Que faut-il en déduire? Les pays arabes dans leur ensemble ont eu 10 médailles, avec deux médailles d'or des Maghrébins. Les pays musulmans ont reçu en tout 27 médailles dont 12 par l'Iran qui, au passage, ne fait pas dans la démesure s'agissant de récompenser les athlètes. Justement, on s'aperçoit que moins le pays a une visibilité internationale politique, scientifique, économique plus il fait dans la surenchère. Il n'est pas étonnant de ce fait que les Etats-Unis, qui ont 150 universités dans le Top 500 avec 20 premières places, sont le pays où les médaillés reçoivent du gouvernement la prime la plus faible. D'autres, qui ont un poids politique scientifique et économique, n'ont pas de champions olympiques et à peine deux médailles. Mieux encore, Israël dont 5 de ses universités sont dans le Top 500 n'a eu aucun médaillé. Seule la Grande-Bretagne se singularise d'une façon élégante. Elle ne déboursera pas un centime en prime. La récompense pour les médaillés sera un timbre à leur effigie qui génèrera des droits d'image. Sans oublier la reconnaissance de leur pays (et de la Reine).
En Algérie, un champion olympique bénéficiera d'un chèque de 3 millions de dinars, 2 et 1,5 pour les médailles suivantes. Dans la plus pure tradition des pays sous-développés, nous nous enflammons d'une façon irrationnelle pour un match de foot, une médaille, au point de bloquer la circulation pour faire comme les autres en appelant la foule à manifester sa joie...
Un athlète reçoit 12,36 millions de dinars - sans compter les invisibles -, autos appartement- pour avoir eu une médaille en or aux J.O. Certes, c'est exceptionnel, nous devons être reconnaissants à l'athlète d'avoir fait son devoir. Cependant, un problème moral se pose pour cet argent qui coule à flots dans la démesure pendant qu'il est mégoté chichement aux autres. A titre d'exemple, on doit savoir que ces 12,36 millions de dinars obtenues représentent le travail de toute une carrière pour un enseignant. Dans quel monde nous vivons où, par mimétisme ravageur, nous suivons la mode en Occident que dans ses aspects de facilité alors que les fondamentaux de l'éducation ne sont pas atteints! L'Ecole ne fait plus rêver! Il est normal qu'un signal pareil ne mobilisera ni les enseignants ni les étudiants ni les élèves pour qui l'université ne sert à rien. N'aurait-il pas été plus moral et éthique d'honorer l'athlète par une médaille même si on peut admettre que les sponsors privés peuvent faire ce qu'ils veulent mais pas donner 5 millions de dinars soit 600 barils de pétrole qui appartiennent aux générations futures à un athlète qui a accroché le sigle de la compagnie nationale. Le sport pour le sport, pour la beauté de la performance, n'existe plus.
N'aurait-il pas été plus moral de décorer symboliquement l'athlète et faire comprendre aux Algériens la signification de l'effort pour donner une visibilité au pays? Invisibles sur le plan scientifique, champions du farniente du m'as-tu-vu, grisés par les soporifiques du «panem et circenses» du pain et des jeux à la romaine pour distraire les foules et les détourner des vrais problèmes, les Algériens s'installent confortablement dans les temps morts. Jusqu'à quand? Nous devons revoir fondamentalement le système éducatif. Nous sommes capables de nous mobiliser s'il y a un cap. Nous pourrons alors, sans honte, au bout d'un long travail fait de sueurs, de nuits blanches, de travail à marche forcée avec le soutien constant des plus hautes autorités, donner rendez-vous dans dix ans à la mercuriale du Classement de Shanghaï. Dans ce classement de l'intelligence dans le monde, nul doute que l'Algérie y fera partie. Il ne tient qu'à nous. Serions-nous capables d'exploiter à merveille l'intelligence du peuple algérien autrement que par des soporifiques tels que les divertissements payés à prix d'or, les récompenses sportives dans la démesure sans lendemain et la scolastique religieuse sans épaisseur? Le vrai Islam c'est celui qui nous permet d'aller à la conquête des étoiles. On s'étonne que des musulmans (les Iraniens) soient capables de mettre en orbite des satellites, de détourner des drones? Incroyable! Inacceptable! Inimaginable, dirait-on en Occident et même chez les défaitistes qui sont légion en terre d'Islam puisque, disent-ils, l'Islam est incompatible avec la science! Le fait est là, l'Islam mise sur l'intelligence «Iqra». Puissions nous aller à marche forcée vers le savoir au lieu de nous installer dans la fatalité. C'est là le vrai challenge.


1.http://www.shanghairanking.com/ARWU2012.html
2.http://www.lefigaro.fr/international/2009/11/30/01003-20091130ARTFIG00002-universites-les-secrets-du-classement-de-shanghai-.php
3.Classement de Shanghaï - Geneviève Fioraso Isabelle Rey-Lefebvre. Le point.fr 14 08 2012
4. Daniel Laurent. Et si l'Iran nous donnait des leçons en matière d'enseignement supérieur? Education/ Recherche, 28 août 2008.

Source : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/158874-la-vraie-place-de-l-algerie-dans-le-monde.html

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Agriculture et maladies des plantes
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 85 072
Publicité